Oies, ânes et chat du Nil et Au bout de ta nuit, ton soleil se lèvera
Notre famille a vécu durant trois années en Égypte. Nous sommes allés à l’école Franciscaine du Caire, sur l’île enchanteresse de Zamalec. Le matin, le braiment de l’âne chargé de paniers d’oranges me réveillait. Nous avons vécu dans ce quartier riche et luxuriant aux larges rues bordées d’arbres voluptueux et de maisons aussi colorées que des fleurs. Les jardins de mille et une nuits, les palais, les musées, les ambassades, les parcs immenses et les mendiants criblés de mouches nous crevant le cœur étaient le paysage journalier de notre chemin d’écoliers.
L’Égypte et l’Iran furent pour moi des lieux odoriférants d’ancrage sans ancrage véritable. Leurs effluves étaient ma terre sensuelle, tout comme mes parents étaient ma terre émotionnelle. Malgré la forme d’instabilité que nous procuraient tous ces déplacements en pays lointains, ma famille avait adopté avec bonheur la saveur de sa vie aventureuse.
Lorsque j’ai créé le tableau, Au bout de ta nuit, ton soleil se lèvera, mon vieux père que j’adorais souffrait d’un cancer des os. Sa mort était imminente. Ce tableau est un hommage à mon père qui a profondément aimé l’Égypte et son peuple si souriant. Hommage aussi au couple éternel, représenté par Ramsès II et la reine Nefertari, couple uni qui s’est manifesté dans mon enfance par celui de mes parents et maintenant par celui que nous formons avec mon compagnon Stéphan Daigle.
Comme un drapeau ou l’oriflamme de prières tibétaines, les mots d’amour tirés du Sutra du Cœur que j’ai inscrits dans cette œuvre, s’envoleront emportés par le vent, tel un pollen allant féconder le cœur du monde : « La forme est vide, le vide est forme, œil, oreille, nez, langue, corps, esprit, couleur, son, odeur, goût, toucher, il n’existe rien. Ni vieillesse, ni mort, ni fin de la vieillesse et de la mort, ni souffrance, ni cause, ni fin de la souffrance, ni chemin, ni sagesse, ni profit! »
Geese, donkeys and cat from the Nile and at the end of your night, your sun will rise
Our family lived for three years in Egypt. We went to the Franciscan School in Cairo, on the enchanting island of Zamalec. In the morning, the braying of the donkey laden with baskets of orange woke me up. We lived in this rich and lush neighborhood with broad streets lined with voluptuous trees and houses as colorful as flowers. The gardens of Arabian Nights, the palaces, the museums, the embassies, the immense parks and the beggars riddled with flies, bursting with heart, were the daily landscape of our schoolchildren’s way.
Egypt and Iran were for me odoriferous anchoring places without real anchorage. Their scent was my sensual ground, just as my parents were my emotional land. Despite the form of instability that all these travels to far-off countries gave us, my family had happily adopted the flavor of its adventurous life.
When I created the painting, At the end of your night, your sun will rise, my old father I loved was suffering from cancer of the bones. His death was imminent. This painting is a tribute to my father who deeply loved Egypt and its people so smiling. Tribute also to the eternal couple, represented by Ramses II and Queen Nefertari, a united couple who showed up in my childhood by that of my parents and now by the one we are forming with my companion Stéphan Daigle.
Like a flag or the banner of Tibetan prayers, the words of love drawn from the Heart Sutra that I have inscribed on this work will fly away in the wind, like pollen going to fertilize the heart of the world: “The form is empty, the void is shape, eye, ear, nose, tongue, body, mind, color, sound, smell, taste, touch, there is nothing. No old age, no death, no end to old age and death, no suffering, no cause, no end to suffering, no path, no wisdom, no profit! ”